Santé

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES : Indications, effets et précautions

Situés de part et d’autre de la colonne vertébrale et plus précisément en dessous de la cage thoracique, les reins sont des organes qui possèdent trois principaux rôles. Ils évacuent les déchets organiques présents dans le sang, régulent les quantités de sels minéraux et d’eau puis produisent des vitamines ainsi que des hormones.

Hormis la pratique de mauvaises habitudes de mode de vie, la prise de certains médicaments peut aussi affecter les fonctions rénales. C’est notamment le cas des anti-inflammatoires non stéroïdiens, plus communément appelés AINS.

Que sont ces traitements médicamenteux et quels sont leurs effets sur les reins ? Qu’en est-il des gestes utiles pour éviter leurs dangers sur ces organes ? Voici tous les détails à savoir sur les AINS et les fonctions rénales.

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES : présentation

Acronyme d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, les AINS désignent une catégorie de médicaments qui, comme le précise déjà si bien leur appellation sont privés d’un noyau stéroïde et soulagent les inflammations. Pour information, ces dernières sont une réaction de défense et de réponse de l’organisme suite à l’agression ou au dérèglement du système immunitaire.

Elles se manifestent le plus souvent par des œdèmes, rougeurs et douleurs au niveau de la partie enflée. Avant d’en dire plus sur les AINS et les fonctions rénales, vous devez savoir que ces médicaments ne guérissent pas à proprement parler les inflammations. Ils n’apaisent que les symptômes associés à ces dernières.

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES : Indications

Outre leur rôle anti-inflammatoire, les AINS possèdent également bien d’autres propriétés pharmacologiques.

L’action antalgique

Si les AINS sont qualifiés d’antalgiques, c’est parce qu’ils sont capables de soulager les douleurs. Cette action qu’ils possèdent peut être bénéfique en cas d’inflammations, car la présence de cette affection cutanée provoque des algies.

Pour apaiser ces dernières, la dose du produit à prendre devra être plus faible que lorsqu’il est question de calmer des œdèmes. À part les douleurs générées par les inflammations, les AINS peuvent aussi atténuer celles relatives aux dents, aux situations post-chirurgicales, à la colique néphrétique ou hépatique.

L’effet antipyrétique

L’action antipyrétique des anti-inflammatoires non stéroïdiens est celle qui consiste à lutter contre la fièvre. Pour agir dans ce cadre, les AINS interviennent au niveau de l’aire pré-optique de l’hypothalamus en inhibant la synthèse des prostaglandines E2 (PGE2). Quelle que soit l’origine de la hausse de la température corporelle, l’effet de ces médicaments demeure efficace.

Le rôle anti-agrégant

Quand il est question de fluidifier le sang, il est possible d’utiliser un traitement à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. L’effet de ces médicaments dans une telle situation est qualifié d’anti-agrégant.

Parmi tous les types d’AINS capables de remplir une telle fonction, l’aspirine semble le plus efficace. Même prise à faibles doses (entre 100 et 250 mg par jour), elle possède une action irréversible. De plus, elle continue de faire effet même au bout d’une semaine suite à l’arrêt de sa consommation.

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES : Classification

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES

Les produits pharmaceutiques qu’il est possible d’inclure dans le rang des anti-inflammatoires non stéroïdiens sont très nombreux. Pour mieux les distinguer, un système de classification a été mis en place. Celui-ci repose sur trois facteurs.

La structure chimique

Selon le critère de la composition de leurs molécules, les AINS se répertorient en sept familles à savoir les :

  • Coxibs ;
  • Pyrazolés ;
  • Aryl carboxyliques comme l’ibuprofène et le diclofénac ;
  • Fénamates ;
  • Indolés ;
  • Salicylés ;

Ces divers groupes d’anti-inflammatoires non stéroïdiens se réunissent en deux catégories dont l’une est qualifiée d’AINS non acides et l’autre d’AINS dotés de composés à caractère acide.

La demi-vie

La demi-vie fait référence à la durée selon laquelle les AINS sont assimilés par l’organisme. Sur la base de ce critère, ces médicaments se classent en trois types. Il existe d’une part les anti-inflammatoires non stéroïdiens à demi-vie longue. Généralement consommés une seule fois par jour, ils possèdent une durée d’élimination supérieure à 24 heures.

D’autre part, nous retrouvons les AINS à demi-vie courte dont le temps d’action va au-delà de 6 heures sans excéder 10 heures. Compte tenu de cette particularité, ils peuvent être pris trois fois par jour. À cela s’ajoutent les AINS à demi-vie intermédiaire qui se consomment deux fois par jour, car leur durée d’effet va de 10 à 18 heures.

Le degré de sélectivité

Ce facteur fait allusion au type d’inhibition d’un AINS sur l’une ou l’autre des formes de COX. En le considérant, les anti-inflammatoires non stéroïdiens se distinguent en quatre groupes. Il s’agit notamment des inhibiteurs :

  • Spécifiques de la COX-2 ;
  • Préférentiels de la COX-2 ;
  • Non spécifiques de la COX ;

À cette liste s’ajoutent les inhibiteurs sélectifs de la COX-1.

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES : Modes d’administration

Avant d’aborder la question des AINS et les fonctions rénales, il est d’abord utile de fournir les détails sur les voies d’administration de ces médicaments. À ce propos, il faut dire que les anti-inflammatoires non stéroïdiens se consomment dans 90 % des cas oralement. Ce mode d’administration est favorable aux AINS à demi-vie prolongée.

Il est également adapté à ceux disponibles sous forme de granulés à dissoudre, de gouttes buvables ou de comprimés à avaler. Précisons bien que lorsqu’ils doivent être ingurgités par voie orale, les AINS doivent être pris au même moment que les repas. C’est un moyen de protection de l’estomac.

Les autres voies d’administration

Les AINS peuvent également être administrés par voie rectale. Dans ce cas, ils se présentent le plus souvent sous forme de suppositoires. Ces derniers s’emploient généralement le soir. Il est également possible d’utiliser les anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie injectable.

Ce mode d’administration intervient lorsqu’il est impossible pour le patient de consommer oralement les AINS. C’est notamment le cas dans les situations d’urgence. Outre toutes ces possibilités, les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent également être administrés par voie cutanée.

Dans ce cas de figure, les médicaments sont proposés sous forme de baumes, de pommades ou de gels à appliquer sur le corps.

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES : Effets

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES

Bien que les AINS possèdent diverses fonctions bénéfiques pour l’organisme, ils ne sont pas sans effets nocifs, du moins sur les reins.

L’insuffisance rénale aiguë

L’un des plus courants risques des AINS sur les reins est l’insuffisance rénale aiguë. Des études révèlent d’ailleurs que près de 7 % de toutes les formes de cette pathologie sont causées par ces médicaments. En consommant en réalité ces produits, ces derniers vont agir sur l’organisme en empêchant l’action de la cyclo-oxygénase (COX).

Pour information, cette dernière est une protéine favorisant la synthèse des prostaglandines. Elle existe sous deux formes. Il y a d’une part les COX-2 dont l’inhibition par les AINS entraîne toutes les actions pharmacologiques qui sont connues à ces médicaments.

Nous retrouvons d’autre part les COX-1 dont le blocage du rôle par les anti-inflammatoires non stéroïdiens provoque tous les dangers associés à ces produits comme l’insuffisance rénale aiguë. En ce qui concerne particulièrement cette maladie, il faut dire qu’elle est occasionnée par la filtration glomérulaire et la baisse du flux sanguin rénal.

Il s’agit d’une pathologie caractérisée par la hausse du taux de créatinine et d’urée dans le sang.

Les facteurs de risques de la maladie

Une fois que le traitement à base d’AINS est entamé, les premiers signes d’insuffisance rénale aiguë se mettent à apparaître au bout d’une semaine. Pour que cette pathologie survienne aussitôt, il doit y avoir des facteurs de risque tels que la présence de :

  • Consommation d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ;
  • Régime sans sel ;
  • Lésions vasculaires rénales ;
  • Hypovolémie ;
  • Diurétiques ;
  • Déshydratation ;
  • Âge avancé.

Par ailleurs, lorsque le mal d’insuffisance rénale est déjà présent, et ce même de façon modérée, la prise d’AINS peut l’aggraver.

Néphropathies interstitielles

Chez des individus sous traitement d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, il a été constaté que la prise de ces médicaments a entraîné dans 15 à 35 % des cas des néphropathies interstitielles. Il s’agit d’un type d’affection inflammatoire qui provoque aussi l’insuffisance rénale aiguë. Ces néphrites se regroupent en deux catégories.

Il existe d’un côté celles qui sont accompagnées d’un syndrome néphrotique. Elles surviennent généralement au bout de 6 mois après le traitement. D’un autre côté, nous retrouvons les néphropathies interstitielles sans syndrome néphrotique.

Comparativement à leur homologue, elles font surface un peu plus tôt, plus précisément au début du traitement. Si ce type de néphrites n’est pas associé au syndrome néphrotique, il est toutefois accompagné de rash cutané, de fièvre et de protéinurie modérée.

Les troubles hydroélectrolytiques

Au niveau des fonctions rénales, la prise des AINS peut également engendrer des troubles qualifiés de hydroélectrolytiques. Il s’agit :

  • D’hyponatrémie qui constitue la résistance à l’hormone anti-diurétique ;
  • D’hyperkaliémie ;
  • De rétention hydrosodée.

Précisons que ce dernier trouble représente un facteur déclencheur de l’insuffisance cardiaque et de l’hypertension artérielle.

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES : Précautions

LES AINS ET LES FONCTIONS RÉNALES

Dans l’optique de ne pas subir les effets indésirables des AINS sur les fonctions rénales, il est conseillé de ne pas prendre ces médicaments sans un avis médical préalable. La pratique de l’automédication avec ces anti-inflammatoires non stéroïdiens est donc à éviter. Vous devez rigoureusement respecter la durée de traitement et la posologie exigées par votre médecin traitant.

Par conséquent, même si vous constatez que vos symptômes se sont calmés, vous n’avez pas à arrêter la prise des AINS de votre propre chef. D’ailleurs, avec ces traitements, vous ne disposez pas d’autre alternative que celle de respecter les règles qui y sont associées.

En effet, les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne sont pour la majorité uniquement accessibles que sur ordonnance médicale. Avec cette dernière à votre portée, vous avez de fortes chances de bénéficier d’un remboursement de la part de l’assurance maladie.

Les AINS sans prescription médicale

Il existe des types d’AINS que vous pourrez vous procurer sans une prescription médicale. C’est l’exemple du flurbiprofène, de l’ibuprofène et de l’aspirine. Ce sont des traitements spécifiquement adaptés pour les affections légères et ponctuelles.

Si en raison de l’effet d’urgence, vous avez l’intention de les ingurgiter sans demander conseil à votre médecin, sachez que ces familles d’AINS doivent être prises sur une très courte durée. S’il s’agit d’une douleur par exemple, le temps de consommation ne devrait pas excéder 5 jours. Dans le cas d’une fièvre, la durée du traitement ne devra pas aller au-delà de 3 jours.

De plus, votre traitement ne doit jamais se reposer sur la prise de deux différents types d’AINS. Sans oublier que ce dernier devra débuter par des doses assez faibles.

La mesure préalable de la fonction rénale

L’insuffisance rénale est une pathologie silencieuse. Pour ne pas aggraver la situation de son patient, le médecin doit en amont mesurer sa fonction rénale avant de lui prescrire un AINS. Cela s’avère d’autant plus nécessaire lorsque l’individu concerné présente des facteurs de risques. Outre ceux sus-évoqués, il est possible d’ajouter :

  • Le diabète ;
  • Les antécédents vasculaires ;
  • Le diabète ;
  • L’hypertension.

Les symptômes d’insuffisance hépatique ou cardiaque sont également à inclure dans la liste.

En cas d’insuffisance rénale chronique modérée

Si suite à la mesure de la fonction rénale, le médecin constate que son patient souffre d’une insuffisance rénale chronologique modérée, il peut lui conseiller la prise d’AINS. Dans ce cas, un contrôle demeure indispensable.

Une à deux semaines suite à l’entame du traitement, il faudra en effet surveiller les taux de créatinine et d’urée dans le sang, de même que les électrolytes. Si au cours de ces contrôles, le professionnel de santé remarque une chute de plus de 20 à 25 % de la fonction rénale, la prise des AINS doit aussitôt être arrêtée.

En cas d’insuffisance rénale chronique sévère

Lorsque le bilan révèle une concentration de créatinine supérieure ou égale à 300 μmol/L, c’est un signe que le sujet est atteint d’une insuffisance rénale chronologique sévère ou plus avancée. Dans un tel cas de figure, la prescription des anti-inflammatoires non stéroïdiens est fortement déconseillée.

Si le patient prend déjà des AINS alors qu’il souffre de cette affection, le médecin traitant doit au plus vite mettre fin à ce traitement. En procédant ainsi, les effets indésirables vont disparaitre au plus vite. Ce retour à la normale ne semble pas toujours garanti.

En cas d’hyperkaliémie ou de rétention hydrosodique

La présence d’hyperkaliémie ne constitue pas une situation de contre-indication des AINS. Si le sujet présente cette affection, il peut très bien être mis sous un traitement à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Une surveillance doit à ce niveau également être assurée.

Les mesures de contrôle à adopter dans ce cadre restent identiques à celles recommandées en cas d’insuffisance rénale aiguë. Le même principe est de mise en cas de rétention hydrosodique chez le patient.

Ici, les gestes de surveillance consistent à mesurer durant les deux premières semaines après le traitement la tension artérielle. Tout au long de cette période, cette prise doit être effectuée deux à trois reprises.

 

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