Bien-êtreSanté

Conisation : présentation, formes, méthodes

La conisation est une intervention chirurgicale typiquement pratiquée sur les femmes. Elle permet d’exempter le col de l’utérus d’une partie lésée et repose sur différentes techniques. Dans la pratique, elle se déroule en présence de certaines lésions néoplasiques et offre d’excellents résultats. Après l’intervention, la gestion des suites de la conisation passe par un suivi minutieux. De même, il existe des mesures spécifiques à faire adopter à la patiente pour éviter l’apparition de complications.

Qu’est-ce qu’une conisation ?

La conisation correspond à une chirurgie de la cavité utérine. Elle consiste à retirer à l’aide d’outils spécifiques une partie du col de l’utérus. La partie retirée se présente sous la forme d’un cône et présente des mesures variées. En moyenne, elle fait entre 1 à 2 cm de largeur et présente une hauteur de 15 mm. Pour réaliser une conisation, on utilise différentes méthodes chirurgicales. Le choix de la méthode appropriée repose sur un certain nombre de paramètres. Il y a notamment les résultats anapathologiques des cellules et l’étendue des lésions.

Quelles sont les indications d’une conisation ?

Les dysplasies cervicales de haut grade du col de l’utérus constituent la principale indication d’une conisation. On les désigne également par l’appellation « néoplasies cervicales de haut grade ». Voir plus d’informations à leurs propos dans les rubriques ci-après.

Dysplasies de haut grade du col de l’utérus : présentation

Les dysplasies de haut grade correspondent à des lésions malpighiennes intraépithéliales de haut grade qui se développent à l’intérieur du col utérin. Elles concernent principalement les femmes d’âge compris entre 18 et 35 ans et évoluent généralement sur de nombreuses années. Elles peuvent sur le long terme se transformer en un cancer du col de l’utérus.

Dans les dysplasies de haut grade, on reconnaît les lésions précancéreuses intraépithéliales par une série de modifications affectant les cellules malpighiennes. Dans ce cadre, il y a entre autres :

  • un accroissement du volume et de la taille cellulaire ;
  • une modification de la structure cellulaire ;
  • une polynucléation cellulaire ;
  • un hyperchromatisme cellulaire ;
  • une répartition non optimale des chromatides cellulaires ;
  • une modification du volume et de la forme des nucléoles cellulaires.

Les lésions malpighiennes intraépithéliales du col utérin peuvent en cas de dysplasies de haut grade être modérées ou sévères. Dans les cas où elles sont modérées, elles affectent seulement les deux tiers des cellules malpighiennes. On parle alors de CIN2 (néoplasies cervicales de grade 2). En revanche, dans les cas où elles sont sévères, elles affectent la quasi-totalité des cellules malpighiennes. On parle alors de CIN3 (néoplasies cervicales de grade 3).

Il est important de ne pas confondre ces lésions malpighiennes aux lésions malpighiennes de bas grades. Elles ne caractérisent pas les dysplasies de haut grade et traduisent une atteinte très mineure des cellules malpighiennes. En effet, les lésions malpighiennes de bas grade concernent le tiers au plus des cellules malpighiennes. Généralement, on parle de CIN1 (néoplasies cervicales de grade 1).

Dysplasies de haut grade du col de l’utérus : symptômes

Dans la plupart des cas, les dysplasies de haut grade du col de l’utérus sont asymptomatiques. Il peut arriver, cependant, qu’elles entraînent certaines manifestations cliniques. Ces dernières sont très rares et comprennent principalement :

  • l’apparition de verrues génitales ;
  • les saignements irréguliers ;
  • les sensations de douleurs lors des rapports sexuels ;
  • les pertes vaginales apparaissant au terme d’un rapport sexuel ;
  • les écoulements vaginaux inhabituels.

Dans quelques rares cas, les dysplasies de haut grade du col de l’utérus se manifestent par des douleurs dans la partie inférieure du dos.

Dysplasies de haut grade du col de l’utérus : causes et facteurs favorables

Voir les causes et les facteurs favorables à la survenue des dysplasies de haut grade du col de l’utérus ci-dessous.

Causes

Les dysplasies de haut grade du col de l’utérus surviennent en réponse à une infection de l’organisme par un virus spécifique. Il s’agit du papillomavirus qui est un virus commun appartenant à la famille des Papillomaviridae. Il possède un ADN et se multiplie principalement dans les tissus kératinocytaires. On distingue plus d’une centaine d’espèces de papillomavirus.

Toutefois, les papillomavirus 16 et 18 sont les principaux incriminés dans la survenue d’une dysplasie de haut grade. Après eux, on associe également la maladie aux papillomavirus 31,33, 35,39 et 45. Les papillomavirus, peu importe le type considéré, se transmettent principalement par voie sexuelle. Cependant, il peut également arriver qu’ils se transmettent par les voies ancillaires et périnatales.

Facteurs favorables

Les facteurs qui peuvent favoriser la survenue d’une dysplasie de haut grade sont nombreux. Ils incluent généralement :

  • Un déficit immunitaire ;
  • Les antécédents d’infections sexuellement transmissibles (SIDA, herpès génital) ;
  • La multiplicité de partenaires sexuels ;
  • La précocité des rapports sexuels.

Il convient également de noter qu’au même titre que le déficit immunitaire, les maladies entraînant une faiblesse immunitaire peuvent favoriser les dysplasies. C’est le cas, par exemple, du diabète et du cancer.

Dysplasies de haut grade du col de l’utérus : diagnostic

Pour poser le diagnostic d’une dysplasie de haut grade du col de l’utérus, on utilise généralement trois tests. Il y a entre autres :

  • Le frottis Pap ;
  • La colposcopie ;
  • La biopsie.

Pour avoir de plus amples informations sur chacun de ces tests diagnostiques, consulter les rubriques ci-après. Il convient de noter, par ailleurs, que pour pratiquer une conisation, il n’est pas nécessaire d’avoir les résultats de la colposcopie et de la biopsie. En effet, on utilise la conisation même dans les cas où on découvre les dysplasies uniquement par frottis Pap.

Frottis Pap

Le frottis Pap est un test de dépistage inventé par Georgios Papanicolaou. Il recherche les cellules cervicales de nature précancéreuses et cancéreuses au niveau du col de l’utérus. Il dure en moyenne 30 minutes. Généralement, c’est un professionnel de santé, spécialement un gynécologue qui se charge de le réaliser.

Préparation

Le frottis Pap a démontré une très grande efficacité dans le diagnostic des dysplasies de haut grade. Cependant, il peut dans certains cas exceptionnels induire des erreurs de diagnostic. Pour les limiter un tant soit peu, on recommande aux patientes de respecter quelques mesures préparatoires avant le déroulement du frottis Pap. Il s’agit, principalement :

  • D’éviter de tenir des rapports sexuels, d’utiliser des tampons ou de se doucher pendant les 48 heures qui précèdent le frottis Pap ;
  • D’informer le médecin traitant des traitements en cours susceptibles d’affecter le résultat du frottis. Par exemple les contraceptifs oraux, les traitements hormonaux ;
  • De discuter des résultats des frottis Pap précédents avec le médecin traitant afin d’apprécier l’état initial du col ;
  • De s’abstenir de se soumettre à un frottis Pap pendant les périodes de menstruations. En effet, les menstruations peuvent affecter le résultat du frottis Pap ;
  • D’informer le médecin traitant en cas de grossesse. On peut réaliser le test les 6 premiers mois de grossesse, mais au-delà, il vaut mieux attendre l’accouchement.

Pour finir, il est aussi impératif pour la patiente de prendre connaissance du procédé de déroulement du frottis Pap. Cela lui permettra d’être plus détendue durant l’opération.

Déroulement

Le frottis Pap se déroule en plusieurs étapes. Au début du test, la patiente se déshabille et met une blouse adaptée à la circonstance. Ensuite, elle devra se coucher sur le dos sur une table de consultation et tenir ses talons immobiles dans des étriers. Il sera alors au tour du médecin traitant d’introduire un spéculum dans son vagin afin de l’ouvrir délicatement. Après cela, à l’aide d’un équipement spécifique (spatule ou brosse douce) le médecin prélève quelques cellules du col de l’utérus.

Par la suite, il envoie le prélèvement à des professionnels de laboratoire qui l’analysent. Il n’y a qu’après les analyses, qu’on peut dire si le col de l’utérus présente des lésions de haut grade. En général, le frottis Pap est un test indolore. Toutefois, il peut provoquer parfois de légères douleurs, des pertes vaginales, de légers saignements et des crampes abdominales.

Biopsie

À l’image du frottis Pap, la biopsie permet de rechercher les lésions cancéreuses et précancéreuses dans le col de l’utérus. Elle dure plusieurs heures et consiste à prélever des tissus épithéliaux pour analyses. C’est aussi un professionnel de santé qui se charge également de la réaliser.

Préparation

Pour limiter les erreurs de diagnostic, une étape préparatoire s’impose avant le déroulement de la biopsie. Durant cette dernière, le patient se doit d’informer le médecin traitant des traitements qu’il prend actuellement. Ce dernier pourra ordonner l’arrêt de ces derniers s’il juge qu’ils peuvent affecter le résultat du test. Outre cette mesure qui est la plus importante, on peut renseigner d’autres mesures préparatoires au patient. Tout dépend du type de biopsie à réaliser et des spécificités du patient.

Déroulement

Au début de la biopsie, le médecin traitant donne un produit anesthésiant à la patiente. Ensuite, il procède au prélèvement des tissus du col en utilisant différentes méthodes. La plus commune repose sur l’utilisation d’une aiguille. Dans ce cas, le médecin prélève les tissus du col de l’utérus avec une seringue. Les autres méthodes utilisées sont beaucoup plus complexes. Elles reposent soit sur une endoscopie ou sur une laparoscopie. Plus rarement, elles peuvent consister en une incision.

Après le prélèvement des tissus, des analyses de laboratoire sont réalisées pour poser le diagnostic des dysplasies. La biopsie peut s’avérer un peu douloureuse. De même, elle peut provoquer de légers saignements et exposer le patient à un risque d’infection.

Colposcopie

La colposcopie est un test rapide qui dure en moyenne 7 minutes. Elle permet une exploration structurelle complète du vagin, du col de l’utérus et de la vulve. On l’utilise généralement pour confirmer le diagnostic des dysplasies. Habituellement, c’est un professionnel de santé et spécialement un gynécologue qui se charge de la réaliser.

Préparation

Idéalement, on recommande de pratiquer la colposcopie hors des menstruations et durant la période pré-ovulatoire. Ensuite, la période précédant le test, les principales mesures prévues comprennent un arrêt d’utilisation des contraceptifs oraux et des traitements hormonaux. En effet, il existe une corrélation entre ces produits et les erreurs de diagnostic en cas de colposcopie.

Pour finir, durant la phase préparatoire, le médecin peut aussi expliquer le déroulement de l’opération à la patiente. Cela lui permettra d’être beaucoup plus détendue.

Déroulement

La colposcopie se déroule en plusieurs étapes. Au début de l’opération, la patiente se déshabille et porte une blouse adaptée à l’occasion. Ensuite, sous instruction du gynécologue, elle s’allonge sur le dos et pose ses pieds sur des étriers prévus pour la circonstance. On introduit, par la suite, un spéculum dans son vagin pour l’ouvrir légèrement. Après cela, le médecin gynécologue procède au nettoyage du col de l’utérus avec du sérum physiologique.

Il peut alors observer les modifications structurelles du col avec un coloscope situé à une vingtaine de centimètres du vagin. En général, la colposcopie est indolore. Elle peut, toutefois, induire des saignements mineurs et une légère sensation douloureuse.

Quelles sont les différentes méthodes de conisation ?

Conisation

Trois méthodes de conisation, en particulier, permettent de traiter les lésions précancéreuses observées en cas de dysplasies. Il y a essentiellement :

  • La conisation au bistouri froid ;
  • La conisation au bistouri électrique ;
  • La conisation au laser.

Ces différentes méthodes de conisation, bien que reposant sur des principes divers, offrent d’excellents résultats.

Conisation au bistouri froid

La conisation au bistouri froid est la méthode de conisation la plus utilisée. Elle repose sur l’utilisation du bistouri froid et l’induction de l’hémostase par cautérisation ou des points en X.  En cas de conisation au bistouri froid, on utilise la méthode du point de Stumdorf exclusivement pour les amputations supra-vaginales. Elle consiste à procéder au recouvrement du reste du col de l’utérus par la muqueuse qui tapisse le vagin.

Le rendu en plus d’être très beau permet d’obtenir des cols relativement courts. On peut utiliser la conisation au bistouri froid sur la quasi-totalité des femmes.

Conisation au bistouri électrique

La conisation au bistouri électrique à l’instar de la conisation au bistouri froid est une méthode très utilisée. Elle présente de nombreux avantages. L’intérêt principal qu’il y a à opter pour elle demeure, cependant, qu’elle permet de faire une résection utérine rapide. Le bistouri électrique dispose de plusieurs anses convexes. Le prestataire choisit l’intensité de coupe qui est généralement comprise entre 110 et 120 watts. Ensuite, après avoir exercé une pression sur la pédale, il applique le fil du bistouri sur le col afin de le couper.

En général, au moment de la coupure, le col n’est pas blanchi ou endommagé par la chaleur du démarrage. Par la suite, le prestataire au moyen d’une aspiration procède à l’occultation du col. Pour finir, il réalise une légère recoupe sur l’endocol. À l’opposé du bistouri classique, le bistouri électrique ne brûle presque pas le tissu épithélial. Ce qui bien entendu permet de réaliser les analyses anatomiques et pathologiques plus facilement.

Conisation au laser

La conisation au laser repose sur l’utilisation du laser. Au début de l’opération, le prestataire repère les limites externes et internes des lésions sur l’exocol et l’endocol. Ensuite, il réalise sur un écouvillon une encoche en vue d’évaluer la profondeur des lésions. Après cela, sur un spéculum mat noir, spécial laser, il met en marche l’aspiration. Idéalement, le spéculum utilisé doit disposer d’un tuyau capable de cheminer au travers de la valve supérieure au fond de la muqueuse.

Par la suite, il marque au moyen d’un faisceau laser le pourtour de la vaporisation par un cercle. Il lui suffira alors de vaporiser cette région pour induire la résection utérine. Le long du processus, le prestataire peut dilater l’endocol à l’aide d’une solution spécifique. Par exemple, une solution d’acide acétique. La conisation au laser offre de très bons résultats. Cependant, on recommande de l’utiliser lorsqu’on ne peut procéder à une conisation au bistouri.

Quelles mesures respecter après une conisation ?

La période après une conisation est une période très sensible. Mal gérée, elle peut entraîner d’importantes complications. Il existe cependant différentes mesures qu’on recommande aux patientes de respecter. Elles sont disponibles dans les sections suivantes.

Mesures immédiates

Les premiers jours après l’opération, la patiente doit :

  • Éviter d’insérer ses doigts au fond dans son vagin. En effet, cela pourrait déclencher d’importants saignements ;
  • Veiller à son hygiène corporelle de sorte que les glaires et parfois le sang qui s’écoule du vagin les premiers jours après l’opération ne sentent pas mauvais ;
  • Prendre au quotidien sa température corporelle les quatre premiers jours après l’opération. Dès que la température excède 38 degrés Celsius, elle a obligation de consulter rapidement ;
  • Prendre des antalgiques en présence de douleurs persistantes pendant les quatre premiers jours après l’opération et en l’absence de fièvre.

Par ailleurs, si éventuellement on a administré un traitement spécifique à la patiente, elle se doit de bien le prendre.

Mesures avancées

Les semaines après la conisation, la patiente doit :

  • Éviter les bains en piscine, en mer et en baignoire. Il en est de même pour les douches vaginales tout le long du premier mois après l’opération ;
  • Éviter d’utiliser des tampons pour ses deux prochains cycles ;
  • Éviter de tenir des rapports sexuels dans les deux premières semaines après l’opération ;
  • Éviter en cas de feu vert de tenir des rapports sexuels non protégés par un préservatif.

Par ailleurs, il est impératif que les patientes invitent leurs partenaires sexuels à subir une péniscopie. Autrement, elles s’exposent à un risque important de récidive. Pour finir, les patients se doivent également d’honorer les rendez-vous médicaux. Cela permet un meilleur suivi de la cicatrisation et une anticipation rapide et efficace des éventuelles complications.

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