Grossesse

Grossesse sous contraceptif oral : Une étude danoise innocente la pilule dans les malformations congénitales

En France, près de 3 % des enfants naissent avec des malformations congénitales non génétiques. Si l’étiologie de ces anomalies s’avère encore mal comprise, il a néanmoins été découvert que la prise de contraceptifs oraux est fortement impliquée dans leur survenue. C’est ce que laissent en réalité comprendre plusieurs recherches faites dans les années 1970 à 1980. Une récente étude vient de contredire les conclusions communes de ces essais du passé. Elle révèle en effet qu’il n’existerait aucun lien entre les pilules avant ou durant la grossesse et les malformations congénitales d’un nouveau-né. Voici d’ailleurs les détails de cette méta-analyse.

Près de 900 000 naissances danoises en étude de cohorte observationnelle

L’étude a certes été réalisée sur une population danoise. Les conclusions qui en ont été tirées possèdent valeur utile dans d’autres États, car il s’agit d’une recherche de grande envergure. Celle-ci a en effet porté sur environ 900 000 naissances.

Son objectif est de savoir si l’usage de pilules lors des premiers mois d’une grossesse ou moins de 3 mois avant celle-ci provoque de sévères malformations congénitales chez l’enfant à naître.

Les méthodes utilisées durant la méta-analyse

L’étude tout entière a été effectuée sur la base de plusieurs sources d’informations à savoir :

  • L’état civil de la mère, le revenu brut de son ménage et son niveau d’éducation ;
  • Le registre central des personnes ;
  • Le registre national danois des patients ;
  • Le registre médical des naissances.

Les premières données ont été mises à la disposition des chercheurs par Statistics Denmark. Grâce à la deuxième source également connue sous le nom de registre administratif principal, il a été possible d’obtenir les informations sur l’âge, le lieu de naissance et résidence des femmes.

Quant au troisième point, il a permis de réunir des données de diagnostic sur les conditions médicales maternelles et les malformations congénitales.

Le registre médical des naissances : La principale source d’informations

De toutes ces sources d’informations, la principale est celle à laquelle se rapporte le dernier point : le registre médical des naissances. Il contient les données telles que :

  • Les caractéristiques de la mère (statut tabagique par exemple) ;
  • L’âge gestationnel ;
  • Les naissances multiples ;
  • La date de naissance ;
  • Les éléments caractéristiques du bébé.

Concrètement, c’est de ce document élaboré en 1968 qu’ont été recensées les naissances à étudier. Il s’agit de celles intervenues entre le 1er janvier 1997 et le 31 mars 2011. Au niveau de ces naissances, il faut préciser que quelques ajustements ont été effectués à savoir :

  • L’exclusion des naissances avec un âge gestationnel invraisemblable ou manquant ;
  • La prise en compte des enfants encore vivants au cours de la période de l’étude ;
  • Le retrait des enfants possédant des aberrations chromosomiques ou malformations congénitales à origine maîtrisée.

Suite à ces mises au point, ce sont en tout 880 694 nourrissons qui feront l’objet de l’étude.

Le classement des femmes selon leur exposition aux contraceptifs oraux

Les chercheurs ont considéré la dernière date à laquelle a été remplie l’ordonnance de la femme pour définir le moment où est intervenue sa récente exposition aux contraceptifs oraux. Pour identifier ces mères qui étaient sous possible usage de contraceptifs avant ou durant leur grossesse, les scientifiques se sont référés au registre national danois des prescriptions.

Il s’agit d’un document qui renseigne sur les prescriptions de contraceptifs oraux remplies dans les pharmacies depuis 1995 et la date à laquelle ces ordonnances ont été délivrées. En prenant en compte ces données, les femmes ont été répertoriées en quatre catégories selon leur mode d’utilisation des contraceptifs oraux par rapport au moment de leur grossesse.

Ainsi, il y a un groupe pour les femmes ayant fait l’emploi des médicaments :

  • Plus de 3 mois avant le début de leur grossesse ;
  • Durant 0 à 3 mois avant le début de leur grossesse ;
  • Pendant 0 à 3 mois après le début de leur grossesse.

Deux de ces trois groupes ont particulièrement intéressé les scientifiques danois. Il s’agit des deux dernières catégories. Par ailleurs, il faut retenir qu’il existe un dernier groupe pour les femmes n’ayant jamais utilisé de pilules. Il faut ajouter que les femmes n’ont pas été classées sur la base de leur usage des contraceptifs hormonaux.

Outre cela, pour déterminer le début de leur grossesse, les chercheurs ont soustrait l’âge gestationnel (défini en considérant le premier jour de la dernière période de menstruations) de la date de naissance de l’enfant.

Une quelconque malformation congénitale majeure : Le principal critère de jugement

Au niveau de cette étude danoise, les malformations congénitales de nature mineure n’ont pas été considérées. Ont été uniquement prises en compte les anomalies congénitales possédant un caractère majeur. Il s’agit d’ailleurs du principal critère de jugement de cette cohorte.

C’est sur la base de la classification de la surveillance européenne des anomalies congénitales que cesdites malformations ont été déterminées. Comme dans toute étude, celle-ci a également défini un critère de jugement secondaire. Il se rapporte aux sous-catégories des anomalies congénitales majeures. Ce sont des malformations répertoriées via un système organique à savoir :

  • Les malformations des voies urinaires ;
  • Le gastroschisis ;
  • Les anomalies des membres ;
  • Le syndrome hypoplasique du cœur gauche.

Les données d’analyses statistiques de chacun de ces sous-groupes de malformations ont été intégrées parmi les critères secondaires de jugement.

La méthode utilisée pour la considération des données d’analyses

Les analyses statistiques incluses dans les seconds critères de jugement se rapportent à la sensibilité. Cette dernière a été appréhendée sous deux angles. Il y a d’une part la sensibilité avec appariement des scores de propension. Ceux-ci prennent en compte :

  • Les interactions bidirectionnelles entre les variables démographiques dans la régression ;
  • La possible utilisation des contraceptifs oraux après que la grossesse soit intervenue ;
  • L’appariement entre les femmes qui ont cessé d’utiliser la contraception plus de 3 mois avant le début de la grossesse (femmes non exposées) et celles qui ont poursuivi son emploi malgré leur état (femmes exposées).

D’autre part, les autres analyses de sensibilité ont porté sur les mortinaissances et les malformations congénitales considérées comme étant une provocation d’avortement après 12 semaines de grossesse. Ce second volet des analyses n’a pas bénéficié d’une validation dans le cadre de l’étude.

Par ailleurs, il est nécessaire de notifier que certains nourrissons ont fait l’objet de plusieurs analyses. L’ensemble de ces dernières a été évalué sur la base de la régression logistique. Pour éviter les éventuelles confusions, des déterminants de l’emploi de contraceptifs oraux et des facteurs de risque d’anomalies congénitales ont été pris en compte. Ces éléments de variabilité sont :

  • L’usage de soins de santé ;
  • L’utilisation de cigarette lors de la grossesse ;
  • Les antécédents lors d’une précédente grossesse d’anomalies congénitales ;
  • La parité ;
  • Les données démographiques.

Ce dernier point inclut entre autres le statut matrimonial de la mère, sa zone de résidence, son âge, son niveau d’éducation, son lieu de naissance et le début de sa grossesse.

Les résultats de l’étude danoise

Grossesse sous contraceptif oral

Les résultats de cette nouvelle étude danoise portant sur le lien entre la contraception orale maternelle et les malformations congénitales majeures sont disponibles dans le British Medical Journal depuis le 7 janvier 2016.

D’après ce qu’il ressort de ce rapport, 22 013 nourrissons (soit 25 %) ont été identifiés comme atteints d’une malformation congénitale majeure, et ce durant leur première année de vie. En ce qui concerne l’exposition aux contraceptifs oraux des femmes, elle est nulle pour 183 963 d’entre elles. Cela signifie que 21 % des mères de nourrissons n’ont pas fait usage de cette contraception.

Pour l’exposition au niveau des catégories formées, on retient que :

  • 11 182 femmes (1 %) ont utilisé des contraceptifs entre 0 et 3 mois après le début de leur grossesse ;
  • 74 542 femmes (8 %) ont arrêté d’employer les contraceptifs oraux 0 à 3 mois avant le début de leur grossesse ;
  • 611 007 femmes (69 %) ont plus de 3 mois avant le début de leur grossesse cessé de prendre des contraceptifs.

En guise de rappel, les deux premières catégories sont celles choisies par les chercheurs.

La prévalence des malformations

Au niveau de chacun de ces groupes de femmes, le nombre de malformations congénitales majeures identifiées pour 1000 naissances est respectivement de :

  • 24,8 ;
  • 24,9 ;

Chez les femmes n’ayant jamais été sous contraception orale, cette prévalence est de 25,1. Il est à remarquer que ces valeurs ne sont pas identiques, mais elles sont sensiblement égales. De ce fait, les scientifiques en charge de l’étude estiment que la prévalence des anomalies en cause est constante au niveau de toutes les catégories.

Cependant, lorsque le premier lot d’analyses a été effectué, les chercheurs ont constaté qu’il n’existait pas de rapport important entre la prise des contraceptifs et l’existence d’un éventuel risque de malformations congénitales chez l’enfant.

Le même constat est fait suite à la réalisation du second lot d’analyses, mais cette fois-ci en ce qui concerne les sous-groupes de malformations congénitales majeures.

Il faut noter que comparativement aux femmes qui ont utilisé la contraception et qui ont cessé de l’employer durant plus de trois mois avant de contracter une grossesse, celles qui n’ont jamais fait usage de ce produit enregistrent un risque plus élevé d’avoir des enfants avec des malformations.

D’après les chercheurs danois, cette hausse s’explique par la présence de signes d’obésité chez les femmes qui constituent un facteur de risque d’anomalies congénitales.

Les contraceptifs oraux non identifiés comme principal facteur de risque des anomalies congénitales

Grâce à cette étude, les femmes n’ont plus à craindre de concevoir des enfants avec des malformations congénitales si elles ont utilisé des contraceptifs oraux lors de leur grossesse. En effet, qu’elles aient adopté cette démarche ou arrêté de prendre des pilules des mois avant de tomber enceinte, le risque d’avoir un bébé avec ce genre d’anomalies reste le même.

Mieux, il est très minime (ne concerne pas les malformations majeures), voire inexistant, car ces produits ne constituent pas un élément susceptible de favoriser de telles malformations. Ces conséquences surviennent plutôt en cas de :

  • Exposition à des agents infectieux ou pesticides ;
  • Consommation d’alcool ;
  • Obésité ;
  • Aberrations chromosomiques.

L’hérédité figure également parmi les principaux facteurs de risque de malformations congénitales chez les nouveau-nés.

 

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