Parapharmacie

Aspirine : diabète, maladies cardiovasculaires, cancer, covid-19

Dans les boîtes à pharmacie des ménages, l’aspirine est l’un des médicaments qu’il est certain de trouver. Si ce produit semble toujours à portée de main au sein des foyers, c’est parce qu’il est efficace dans le traitement d’affections courantes et généralement sans danger comme la fièvre, les inflammations, douleurs et maux de tête. Il paraît que les propriétés de l’aspirine ne se limitent pas à ces champs. Ce médicament constituerait en effet un nouvel espoir dans le cadre du traitement de pathologies graves. S’agirait-il de propos de peu de valeur ? Voici les éclaircissements.

Aspirine : Une possible solution contre le cancer d’après une étude britannique

Cela fait plusieurs années que divers chercheurs ne cessent de révéler les actions positives de l’aspirine dans le soulagement de divers cancers. Ces découvertes viennent d’être confirmées avec trois études réalisées par une équipe de cliniciens britanniques dirigée par le Professeur Peter Rothwell.

L’un de ces essais a été publié dans The Lancet Oncology et les deux autres dans The Lancet.

Les résultats des études partagées dans le Lancet

Selon l’une (celle portant sur la cinquantaine d’essais contrôlés) des deux études publiées dans la revue britannique The Lancet par l’équipe du Pr. Peter Rothwell, il ressort qu’après un traitement quotidien de trois ans, l’aspirine réduit de 20 % la croissance d’un cancer.

Les résultats sont meilleurs, soit une baisse du développement de 37 % lorsque le médicament est consommé durant une moyenne de 5 ans. Ces effets sont valables aussi bien chez les femmes que les hommes.

En ce qui concerne l’autre essai, les données laissent comprendre que la consommation quotidienne d’au moins 75 mg d’aspirine pendant 6,5 ans fait baisser de 36 % le risque d’apparition de métastases. Pour information, ces dernières sont des cellules cancéreuses.

Spécifiquement dans le cas des adénocarcinomes (cancers de la prostate, du côlon et du poumon), ce taux est de 46 %. Pour les cancers du rein et de la vessie, il est de 18 %. Lorsque les métastases sont déjà présentes, le taux de réduction de leur développement est respectivement de 74 et 55 % pour les cancers colorectaux et les adénocarcinomes.

Ces actions positives de l’aspirine ne varient pas quel que soit le sexe ou l’âge du patient.

Les conclusions de l’essai publié dans The Lancet Oncology

La troisième étude s’est tout comme la deuxième basée sur les métastases, sauf qu’elles se différencient par rapport à la technique employée. Ici, ce sont des essais qui ont été comparés. Il faut dire que cette étude est une sorte de confirmation des deux premières, car ses résultats vont dans le même sens que les leurs.

En effet, de la comparaison desdits essais, les cliniciens ont conclu que l’aspirine baisse de 40 % le risque de croissance du cancer colorectal. Durant cette étude, des effets positifs ont également été détectés au niveau des cancers de :

  • La bile ;
  • L’estomac ;
  • L’œsophage ;
  • Et du sein.

Les résultats obtenus sont en effet identiques à ceux observés dans le cadre du cancer colorectal. Il est par ailleurs nécessaire d’ajouter que la même équipe a quelques semaines avant l’édition de ces trois essais publié une étude.

D’après cette dernière, un individu qui consomme durant 20 ans, et ce, chaque jour 75 mg d’aspirine voit son taux de mourir du cancer colorectal diminuer de 35 %.

De même, le risque que cette pathologie se développe dans son organisme chute de 24 %. Il faut préciser que cet essai a été réalisé chez des patients dont le cancer a uniquement affecté la première partie du côlon.

Aspirine : un nouvel espoir dans le cadre du traitement des maladies cardiovasculaires

L’Accident Vasculaire Cérébral et l’infarctus du myocarde sont les deux maladies cardiovasculaires qui font le plus de dégâts de par le monde. Elles surviennent principalement suite à la formation de caillots sanguins au sein des artères.

Comme il est bien connu que l’aspirine possède des propriétés antiagrégantes, un grand nombre de chercheurs ont estimé que ce médicament pourrait avoir des effets positifs dans le traitement de ces pathologies. Diverses études ont d’ailleurs été réalisées pour confirmer cette hypothèse.

Les plus grandes d’entre elles ont été publiées dans le British Medical Journal. Ces méta-analyses se dénombrent à 287 essais. Au cours de ceux-ci, ce sont 77 000 individus possédant un haut risque vasculaire et comparés lors de divers protocoles puis 135 000 autres patients avec le même état de santé et comparés à un placebo qui ont été étudiés.

Les résultats des études

Trois éléments de jugement ont été pris en compte dans le cadre de cette étude. Il s’agit de l’apparition d’un :

  • Décès d’origine vasculaire ;
  • Accident Vasculaire Cérébral ;
  • Infarctus du myocarde (IDM) non fatal.

Sur la base de ces critères, les cliniciens ont constaté que l’usage de l’aspirine a réduit de 25 % le risque de survenue d’un épisode vasculaire majeur chez l’ensemble des malades. De plus, un traitement à base de ce médicament fait chuter d’un sixième le risque de mortalité lié à une cause vasculaire.

Cette proportion de chute est respectivement d’un quart et d’un tiers dans le cadre de l’apparition de l’AVC et de l’IDM non fatal. Outre cela, le risque de survenue d’épisodes vasculaires majeurs est réduit de :

  • 9/1000 en cas d’antécédents d’AVC aigu et après un traitement de trois semaines ;
  • 22/1000 en cas de fibrillation auriculaire, artérite des membres inférieurs ou angor stable et suite à une consommation durant 2 ans de l’aspirine ;
  • 36/1000 en présence d’antécédents d’AVC, d’accident ischémique transitoire ou d’IDM chez le patient et suite à un traitement de deux ans.

Un effet positif est également observé chez 38 patients sur 1000 lorsque l’individu présente un IDM aigu et est traité durant un mois.

Aspirine : une panacée pour combattre la covid-19

Aspirine

Dans le cadre de la lutte contre la covid-19, l’aspirine pourrait aider le système immunitaire à mieux se défendre. Cette hypothèse provient tout simplement des résultats de l’étude réalisée par les chercheurs de l’Université israélienne Bar-Ilan.

Les conclusions de cette méta-analyse ont d’ailleurs été partagées dans la revue Federation of European Biochemical Societies. Concrètement, au cours de cet essai, les cliniciens ont observé plus de 10 000 patients sous le traitement de 75 mg d’aspirine par jour dans le cadre de la prévention de pathologies cardiovasculaires.

Il a été constaté qu’il y a une réduction de l’ordre de 29 % du risque d’être atteint du virus chez les sujets suivant le traitement préventif. Avec les individus qui sont déjà porteurs de la covid-19, les résultats ont permis de constater qu’ils récupèrent plus vite. Dans leur cas, la durée de la maladie est donc plus courte.

Une étude britannique teste le médicament en tant que potentiel traitement

Toujours en raison de sa capacité à fluidifier le sang, l’aspirine est actuellement testée par les chercheurs ayant effectué l’essai Recovery. Si ces scientifiques accordent une attention particulière à ce médicament, c’est d’abord en raison de son efficacité à éviter l’apparition de thrombus.

C’est aussi à cause du fait que les individus souffrant de la covid-19 sont sujets à la survenue de ces caillots sanguins. Ces derniers sont particulièrement dus à l’hyperréactivité des plaquettes. Par ailleurs, durant cette étude des chercheurs britanniques, ce sont plus de 2000 sujets qui seront observés.

Certains seront soumis au traitement classique contre le coronavirus. D’autres vont en plus de ce médicament habituel contre le virus consommer par jour 150 mg d’aspirine. Les données et résultats de ces deux groupes vont être ensuite comparés entre eux.

Pour l’instant, les conclusions finales ne sont pas encore disponibles, car l’étude semble toujours en cours. Néanmoins, Peter Hobby, l’un des dirigeants de l’essai fait savoir que l’aspirine pourrait de façon concrète être bénéfique dans la guérison de ces thrombus.

Aspirine : Un traitement avec des jours meilleurs ?

Les résultats des diverses études le prouvent bien, l’aspirine constitue une lueur d’espoir dans le cadre du traitement de divers cancers, de maladies cardiovasculaires et la prévention des caillots de sang associés à la covid-19.

Ce n’est pas pour autant qu’il faut se ruer vers ce médicament, car en réalité, il possède autant de dangers que de bénéfices, et ce, même lorsqu’il est consommé à faibles doses. L’aspirine ne saurait donc être utilisée en traitement sans l’avis préalable d’un médecin.

En effet, plusieurs études ont permis de découvrir que la consommation d’aspirine est responsable de saignements (susceptibles d’être mortels) au niveau :

  • Des intestins ;
  • De l’estomac ;
  • Du cerveau.

C’est l’exemple d’une étude réalisée par une équipe de chercheurs coordonnée par le Docteur Jared Bunch sur 4000 individus atteints de fibrillation atriale. Au cours de la méta-analyse, ces sujets ont subi une ablation au cathéter dans l’optique de traiter la pathologie en cause.

Bien que cette intervention chirurgicale réduise le risque de faire un AVC, elle ne l’élimine pas entièrement. Pour donc éviter la survenue de cet événement vasculaire, les scientifiques ont administré aux patients durant trois ans de l’aspirine. Au bout de cette période de traitement, des hémorragies ont été observées chez tous les sujets.

Des critiques sur les travaux de l’équipe du Professeur Peter Rothwell

Lorsque les résultats des trois études réalisées par l’équipe du Professeur Peter Rothwell ont été rendus publics, certains acteurs du monde médical ont estimé que les données de ces essais doivent être prises avec des pincettes, car ils n’ont pas été effectués par des cancérologues.

En réalité, Peter Rothwell et ses collègues sont des cardiologues. De plus, leurs études se faisaient dans le cadre de la prévention de maladies cardiovasculaires grâce à l’aspirine. Au cours de celles-ci, ils ont fortuitement découvert que ce médicament possèderait également des effets positifs contre certains cancers.

Compte tenu donc des conditions dans lesquelles ces essais ont été faits, les critiques laissent comprendre qu’il est possible que ces scientifiques (en raison de leur domaine de spécialité) n’aient pas pris en compte certains éléments qui pourraient pourtant être pertinents.

Outre cela, les chercheurs britanniques ont eux-mêmes fait comprendre que l’aspirine ne garantit ses effets positifs que s’il est utilisé à long terme. Ils ajoutent que plus le patient est âgé, meilleure est l’efficacité du traitement.

Des effets indésirables courants

En dehors du risque d’hémorragie interne, la prise de l’aspirine peut être également source de :

  • Ulcères ;
  • Accidents allergiques ;
  • Bourdonnements d’oreilles ;
  • Intoxication (notamment chez le nourrisson) ;
  • Hypoacousie ;

L’acide acétylsalicylique peut également exposer à une cécité. C’est une méta-analyse réalisée chez 4600 individus âgés qui le démontre.

Aspirine : Un médicament à prendre ?

Aspirine

L’aspirine possède des effets notables. Elle n’est pas également sans conséquence sur la santé. Avec cette situation paradoxale, il est tout à fait normal de se demander si cette molécule mérite d’être consommée.

Une consommation selon les conditions

L’aspirine peut être belle et bien consommée. Son usage en guise de traitement se fera au cas par cas. Concrètement, il va en amont falloir étudier l’âge du patient et l’objectif poursuivi pour prescrire le médicament.

En fonction du malade

Chez un enfant ou un nourrisson, l’aspirine doit être prise en 4 à 6 fois pour un dosage quotidien total de 25 à 50 mg/kg par voie orale. Par voie injectable, et ce, uniquement chez les enfants de 6 ans au moins, la dose journalière du médicament doit être de 10 à 25 mg/kg.

Ce produit doit être sous forme d’acétylsalicylique de lysine. Lorsque le patient est un adulte, le dosage journalier doit être de 3 à 6 g en cas d’inflammation puis de 0,30 à 1 g voire 3 g pour le traitement de fièvre ou de douleurs.

En cas de thrombose, la dose est située entre 1 et 1,5 g.

En fonction de l’effet recherché

En présence :

  • De douleurs ou de fièvre, l’aspirine soluble en milieux aqueux ou celle ordinaire doivent être privilégiées en traitement de courte durée ;
  • D’inflammations, l’acide acétylsalicylique doit être employé sous forme à micrograins enrobés ou à délitement entérique en dosage élevé et à longue durée ;
  • Caillots sanguins, le comprimé doit être utilisé en traitement prolongé.

Dans ce dernier cas, la molécule n’est adaptée que pour le traitement de l’angor instable et de la phase aiguë de l’infarctus du myocarde puis pour la prévention de l’angioplastie transluminale ou de l’accident ischémique cérébral causé par l’athérosclérose.

Précautions d’usage de l’aspirine

Toujours dans l’optique d’éviter les risques liés à la prise de l’aspirine, des gestes de précautions doivent être observés. Ainsi, il est déconseillé à un patient sain de consommer le médicament dans l’optique de prévenir l’apparition d’une quelconque affection.

De même, son usage est déconseillé chez les individus présentant des risques de développer des maladies cardiovasculaires. Sa consommation est cependant permise lorsque ces dernières sont une fois déjà apparues chez le patient.

Ici encore, l’aspirine est à privilégier uniquement en seconde intention ou lorsque le degré de gravité des pathologies est élevé. Outre cela, il est proscrit :

  • Une utilisation à longue durée de l’aspirine pendant une grossesse ;
  • L’usage du médicament lors des traitements anticoagulants ;
  • L’emploi de la molécule chez les ulcéreux gastro-duodénaux et les cirrhotiques.

Par ailleurs, il semblerait qu’une association d’antiulcéreux avec de faibles doses d’aspirine permet de réduire le risque nocif que possède cette dernière sur le plan gastrique.

 

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