Santé

Traitement de l’insuffisance rénale chronique : rappel sur les différentes options

L’insuffisance rénale chronique (IRC) est une affection grave qui affecte les reins et qui consiste en un déclin lent et progressif de leur fonction. Problème majeur de santé publique, elle touche des millions de personnes dans le monde. Son pronostic n’augure généralement aucune espérance, car elle présente des effets irréversibles. Nonobstant les multiples recherches scientifiques, les traitements disponibles aujourd’hui pour les personnes atteintes ne peuvent que ralentir la progression du déclin des fonctions rénales. Aussi, ils ne permettent que de réduire les symptômes. Voici donc un récapitulatif des différentes options de traitement de l’IRC.

Insuffisance rénale chronique (IRC) : généralités

L’insuffisance rénale chronique est généralement le résultat d’une maladie en amont qui peut, au fil du temps, causer des dommages irréparables aux reins. Selon une estimation faite, environ 10 % de la population mondiale souffre d’insuffisance rénale chronique, qui dans la plupart des cas, est inconnue du patient.

Stades et symptômes

Au stade initial, cette maladie est dite asymptomatique, car les victimes n’en ressentent pas les symptômes. Dans la phase intermédiaire, les premiers signes commencent à apparaître, mais ils compromettent légèrement la vie de ces patients. Par exemple, ces derniers peuvent développer une polyurie (augmentation du volume d’urine) et une nycturie (envie répétée d’uriner la nuit).

Par la suite, les taux sanguins d’acide urique, de calcium, de phosphore, de bicarbonate, de parathormone et de globules rouges sont réduits. Cela a pour conséquence directe une anémie. Souvent, la personne atteinte peut présenter une réduction générale de la force physique et de la résistance à la fatigue.

Au cours du stade avancé de l’IRC en revanche, les symptômes sont sévères et dus principalement à l’accumulation d’urée dans le plasma. On les regroupe alors en syndrome urémique. Les manifestations les plus courantes à ce stade comprennent :

  • La sensation de mauvais goût dans la bouche,
  • Les brûlures d’estomac,
  • Les nausées et vomissements,
  • Les démangeaisons,
  • L’hypertension artérielle,
  • Les troubles de sommeil tels que le syndrome des jambes au repos et l’insomnie,
  • Le retard de croissance (chez les enfants).

D’autres symptômes plus graves peuvent également se manifester. Il devient alors nécessaire de prendre différents médicaments pour corriger les modifications de toutes les substances précitées. Il faut remarquer que le rein ne peut plus les réguler et ni les éliminer de manière adéquate. Une dialyse devient inévitable lorsque le filtrat glomérulaire baisse considérablement.

Évolution lente et progressive

L’évolution vers l’insuffisance rénale chronique sévère n’est pas automatique. Elle se fait lentement et on assiste à un déclin progressif du fonctionnement des reins. Il faut préciser que cela ne concerne pas tous les patients. En réalité, certains répondent efficacement aux interventions thérapeutiques. Dans certains cas, une nette amélioration se remarque lorsque ceux-ci adoptent une hygiène de vie adaptée.

Cette option ralentit la progression et retarde la nécessité de la dialyse. Les victimes, ici, sont alors appelées des patients sous contrôle. D’autres, en revanche, évoluent plus ou moins rapidement vers le stade terminal de l’IRC. Cela est en général dû aux facteurs intrinsèques au déclin des reins et à la présence d’autres maladies chroniques. Les facteurs de risque y jouent inévitablement un rôle crucial.

Causes de l’IRC

Comme évoqué ci-dessus, l’IRC se développe très souvent avec d’autres maladies chroniques, comme le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires. Ainsi, elles partageant toutes de nombreux facteurs de risque, appelés facteurs de risque intermédiaires. Parmi les autres causes d’insuffisance rénale chronique figurent :

  • Les glomérulopathies,
  • Les maladies d’origine génétique (polykystose rénale),
  • Les troubles hydroélectrolytiques,
  • Les infections récurrentes du rein ou des voies urinaires,
  • La consommation excessive de médicaments toxiques pour les reins,
  • Les maladies systémiques, telles que les maladies rhumatismales, les vascularites et les maladies auto-immunes.

Enfin, tous les épisodes de lésions rénales aiguës peuvent générer des lésions rénales persistantes et chroniques. Celles-ci peuvent aboutir à une néphropathie chronique. Le vieillissement de la population a également été reconnu comme un facteur de risque crucial. Le constat fait est qu’un nombre croissant de personnes âgées présentent une réduction de la fonction rénale. C’est là une conséquence physiologique du « vieillissement des reins ».

Complications

Par ailleurs, l’IRC peut provoquer de nombreuses complications. Toutefois, il faut préciser qu’elle est elle-même une complication d’autres affections ou maladies. Cela dit, une aggravation d’un œdème, un risque encore plus grand de fractures osseuses peut se présenter. De plus, on observe chez certains patients une impuissance ou une diminution de la libido et des dommages au système nerveux central.

Ces derniers surviennent alors avec toutes leurs conséquences, notamment une diminution des défenses immunitaires, donc une plus grande exposition aux infections. Les femmes atteintes peuvent présenter un risque élevé d’infertilité, car elles saignent beaucoup. Dans ces cas, en l’absence de prise en charge immédiate, la mort est imminente.

Pronostic de l’IRC

À des stades avancés, on note une réduction progressive et irréversible de la fonction de filtration du rein. Elle peut être quantifiée par la clairance de la créatinine (coefficient d’épuration plasmatique) ou par diverses formules permettant d’estimer le débit de filtration glomérulaire (DFG). On parle également de taux de filtration glomérulaire (TFG). Sur la base de ce dernier, l’insuffisance rénale chronique est divisée en cinq stades de gravité différents, par ordre croissant de sévérité.

Insuffisance rénale chronique : prise en charge

À tous les stades de l’insuffisance rénale, le patient est suivi par une équipe multidisciplinaire. Celle-ci est composée des professionnels suivants :

  • Un néphrologue,
  • Une infirmière spécialisée,
  • Une diététicienne,
  • Un psychologue.

Ces spécialistes surveillent constamment l’état évolutif de la maladie, en intervenant sur les manifestations de la maladie : anémie, syndrome urémique. Aux stades plus avancés, lorsque la perte irréversible de la fonction du parenchyme rénal devient apparente, il faudra une thérapie de remplacement. Les deux parties, c’est-à-dire le patient et les soignants, reçoivent alors des informations sur les différentes options de thérapie de remplacement disponibles.

Au préalable, les spécialistes évaluent celle qui sera la plus appropriée pour la victime. Dans le même temps, ils peuvent continuer à lui administrer une série de soins partagée pour un début de traitement correct et progressif. Il est aussi nécessaire de procéder à une évaluation de l’impact émotionnel que le nouvel état de santé détermine chez le patient et dans sa famille. Tout cela se fait évidemment avec le soutien actif d’un personnel spécifique et spécialisé.

Enfin, l’infirmière en néphrologie, impliquée dans la prestation de soins compétents et personnalisés, doit être capable d’établir des relations efficaces et assertives avec le patient et sa famille. Elle est responsable des thérapies spécifiques visant à atteindre l’autonomie et l’autosoin de celui-ci. Aussi, elle lui apporte tout son soutien et l’éduque dans la prévention de toutes les complications possibles. Elle doit les détecter et les signaler le plus tôt que possible.

Insuffisance rénale chronique : options de traitement

L’IRC est une maladie incurable. Toutefois, grâce aux avancées scientifiques, il est possible de traiter les différentes causes et ainsi améliorer la vie du patient. Les interventions ont également pour but de ralentir la progression de la maladie par la réduction des différents facteurs qui la favorisent. Ainsi, les options les plus employées regroupent :

  • Les médicaments (traitement symptomatique)
  • Les changements dans le style de vie,
  • La diététique,
  • La dialyse,
  • La greffe de rein.

Les médicaments

L’administration de médicaments a pour but de réduire les symptômes et de procéder à un contrôle régulier des troubles et maladies associés à l’IRC.

Hypertension artérielle (HTA)

Tel évoqué plus haut, l’HTA est une maladie fortement impliquée dans l’IRC. De plus, la bonne pression artérielle joue un rôle crucial dans la protection des reins. Cette tension doit tomber en dessous de 140 sur 90 millimètres de mercure (mmHg). Pour atteindre cet objectif, le médecin peut prescrire aux victimes les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine. Ce sont une classe de médicaments couramment recommandés dans le traitement de l’HTA.

Ils sont disponibles sous plusieurs formes notamment le lisinopril, le ramipril, l’énalapril. À l’instar des autres médicaments, ils peuvent générer des effets secondaires : toux chronique, céphalées, fatigue musculaire, les vertiges, etc. Comme alternative à cette classe de médicaments, on peut employer leurs homologues. Ce sont les antagonistes de l’enzyme angiotensine II.

Glomérulonéphrite, diabète et rapport albumine/créatinine

La maladie rénale chronique peut aussi être due à un processus d’inflammation des filtres dans les reins. Ce dernier est appelé la glomérulonéphrite. Si c’est la cause responsable, alors le professionnel peut recommander la prise des stéroïdes. Ils sont efficaces pour réduire l’activité du système immun.

En ce qui concerne, le traitement des symptômes du diabète et la réduction du rapport albumine/créatinine, on peut utiliser une gliflozine connue sous l’appellation dapagliflozine. Cette substance réduit considérablement le taux de glucose dans l’organisme. Toutefois, on peut essayer les médicaments de traitement de l’HTA.

Taux de cholestérol élevé

Les victimes de l’insuffisance rénale chronique sont plus susceptibles de développer des maladies cardiovasculaires (AVC ou infarctus). Il est alors souhaitable de viser la réduction d’un taux de cholestérol élevé, qui est un facteur de risque non négligeable de ces maladies. Comme médicaments, on peut prescrire les statines (simvastatine et atorvastatine).

Taux élevés de potassium

Les patients atteints d’IRC présentent dans certains cas des concentrations élevées de potassium dans le sang. Il s’agit là d’une maladie connue sous le nom hyperkaliémie. Les reins ne sont plus en mesure de les évacuer efficacement. Cette affection dans sa forme sévère favorise le risque d’infarctus et d’arythmie. Par conséquent, on recommande aux victimes de réduire la consommation de produits riches en potassium. Aussi, il faudrait leur administrer des médicaments qui empêchent l’accumulation de potassium dans le sang. C’est le cas du sulfonate de polystyrène sodique.

Anémie

C’est l’un des symptômes les plus fréquents qui se traduit par une réduction alarmante du nombre d’hématies dans le sang. Il peut être nécessaire d’utiliser des médicaments et d’autres substances contre l’anémie. On peut entre autres citer les suppléments d’érythropoïétine et de fer.

Rétention d’eau

L’œdème est l’une des complications de l’insuffisance rénale chronique. Il se caractérise par un gonflement de certaines parties du corps comme les pieds, les mains ou les chevilles. Étant donné que les organes principaux qui permettent d’évacuer le liquide dans le sang sont les reins, leur dysfonctionnement provoque une rétention de liquides. Ces derniers s’accumulent dans les tissus de ces parties.

Pour traiter ce symptôme, les spécialistes recommandent la limitation de la consommation d’eau, de liquide et de sel. Cela va permettre de réduire la concentration d’eau dans le sang. Les diurétiques peuvent être aussi recommandés. Toutefois, il faut prendre garde à la déshydratation, puisqu’on prive l’organisme de liquide.

Troubles osseux

Le dysfonctionnement progressif des reins peut provoquer l’accumulation de quelques substances favorables pour le développement des troubles osseux. On peut notamment citer le phosphate. Bien qu’elles soient importantes dans l’équilibre osseux, leurs concentrations élevées peuvent provoquer un déséquilibre. Les patients atteints d’IRC peuvent alors souffrir de troubles osseux.

Pour y remédier, ils doivent éviter les aliments ou produits avec une forte teneur en phosphate (lait, viande, poisson, œufs). Comme médicaments, on peut recommander le carbonate de calcium, les suppléments riches en vitamines D et l’acétate de calcium. Ils vont permettre de protéger les os contre les fractures éventuelles.

Les changements dans le style de vie

Généralement, tout patient atteint de la forme aiguë de l’insuffisance rénale reçoit de son médecin des indications précises sur les nouvelles attitudes à adopter. Voici quelques recommandations :

  • Arrêter ou limiter la consommation de l’alcool.
  • Éviter et arrêter de fumer.
  • Suivre une alimentation saine et variée, en réduisant éventuellement la consommation de sel (ou plus précisément le sodium).
  • Pratiquer régulièrement une activité physique.
  • Perdre du poids si cela est nécessaire.

Il faudra également éviter de prendre les médicaments en vente libre.

La diététique

Le régime alimentaire dans les cas d’IRC est élaboré de manière très précise par le nutritionniste.

Une énergie élevée

L’alimentation doit être riche afin d’éviter la malnutrition ou dénutrition qui est très fréquente en cas d’insuffisance rénale chronique. En cas de besoin, vous pouvez recourir à des préparations spéciales, très caloriques avec une teneur en protéines, sodium et potassium. En outre, les glucides doivent représenter la majorité de l’apport quotidien en nutriments.

Les lipides (graisses) sont en quantité régulière, mais elles doivent être contrôlées au niveau qualitatif. Il est donc important de ne pas abuser des graisses saturées (produits d’animaux), au profit des huiles, notamment l’huile d’olive extravierge. En effet, l’IRC est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires.

Les protéines sont l’élément essentiel de la nutrition en cas d’insuffisance rénale chronique. Elles doivent être en petites quantités, surtout si l’insuffisance est moyenne ou sévère. Très souvent un régime sans protéines doit être complété pour atteindre les normes nutritionnelles requises. Le sodium doit être strictement contrôlé également pour éviter de forcer le rein.

Le potassium est présent en bonne quantité dans les aliments végétaux et est un minéral qui doit être réduit. Le meilleur moyen de réduire la teneur en potassium de l’alimentation est de limiter les aliments qui en sont riches (café, soja, lait en poudre, poivre, café soluble). Privilégiez ceux pauvres en potassium comme les spaghettis, l’huile d’olive, le macaroni. Les fruits et les légumes sont également très importants.

Des astuces

Une façon d’éliminer le potassium et les minéraux en général, des légumes peut être de les faire bouillir deux fois. Il est nécessaire de ne pas oublier de jeter à chaque fois l’eau de cuisson. De cette façon les légumes sont appauvris, mais plus consommables du point de vue de traitement de l’IRC.

La dialyse

En bref, la dialyse est un traitement qui reproduit artificiellement certaines fonctions du rein. Il permet d’épurer le sang des déchets en excès et de l’eau. Il existe deux principaux types de dialyse, à savoir l’hémodialyse et la dialyse péritonéale.

L’hémodialyse

C’est une thérapie qui utilise un appareil pour éliminer les toxines du sang et réguler les taux de substances chimiques essentielles comme le potassium. Cette dialyse nécessite 3 à 4 séances par semaine, d’environ 4 à 5 heures chacune.

La dialyse péritonéale

Cette méthode utilise le péritoine, c’est-à-dire la muqueuse de la cavité abdominale comme filtre. Il existe plusieurs protocoles possibles, généralement à suivre à domicile, mais plus fréquemment que l’hémodialyse. Des restrictions alimentaires strictes sur la quantité de sel sont également nécessaires. Il faudra un suivi régulier des protéines et des liquides pris.

La greffe de rein

La greffe de rein est la chirurgie qui consiste à remplacer un ou les deux reins par un rein sain provenant d’un donneur compatible. Typiquement, le « nouveau » rein appartient à un donneur récemment mort. Cependant, il est tout à fait possibilité de prélever un rein sur un sujet vivant et consentant.

Si la greffe de rein réussit, il y a une restauration complète de la fonction rénale.

La greffe s’avère donc comme le traitement qui offre une chance de guérison importante. Il faut quand même remarquer que ces organes ne sont pas aussi disponibles qu’on le pense. Ce n’est pas la meilleure option pour de nombreuses victimes.

Les personnes qui ne souhaitent pas l’une de ces options peuvent recevoir des soins palliatifs jusqu’à la fin de leur vie.

 

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