Bien-êtreSanté

Troubles du rythme et de la conduction : revue générale des différents types

Les troubles du rythme et de la conduction constituent les causes les plus fréquentes de consultation en cardiologie. Ils concernent environ 10 % des personnes de plus de 40 ans et se traduisent par une modification anormale du rythme cardiaque. Ils sont de différents types, selon que le rythme cardiaque est accéléré, ralenti ou irrégulier.

Les causes de survenue de ces troubles sont multiples et leurs manifestations comprennent des signes électrocardiographiques et cliniques variés. En milieu clinique, les traitements proposés pour les pallier reposent généralement sur une médication. Voici l’essentiel sur les principaux troubles du rythme et de la conduction.

Troubles du rythme et de la conduction : les différents types

Les troubles du rythme et de la conduction cardiaques sont répartis en trois principaux groupes, à savoir :

  • Les extrasystoles ;
  • Les tachycardies ;
  • Les blocs auriculo-ventriculaires.

Pour chaque groupe de troubles du rythme et de la conduction, les étiologies, la sémiologie ainsi que le traitement adéquat varient. Plus de détails sont donnés dans les rubriques ci-dessous.

1. Les extrasystoles

Les extrasystoles correspondent à des pulsations cardiaques qui s’intercalent entre les pulsations normales du cœur. Elles constituent l’un des troubles du rythme les plus fréquents et sont en général sans risque pour la santé. Voici les différentes formes, la sémiologie et le traitement des extrasystoles.

Extrasystoles : différents types

En fonction de leur origine, les extrasystoles sont classées différemment. Ainsi, on distingue :

  • les extrasystoles auriculaires ;
  • les extrasystoles ventriculaires ;
  • les extrasystoles jonctionnelles.

Par ailleurs, les extrasystoles peuvent également être réparties en deux groupes selon qu’elles apparaissent sur un cœur sain ou un cœur pathologique. Les extrasystoles sur cœur pathologique à l’inverse des extrasystoles sur cœur sain sont secondaires à une maladie cardiaque traitée ou non. Par exemple, l’infarctus du myocarde et l’insuffisance cardiaque.

Extrasystoles auriculaires

Les extrasystoles auriculaires découlent de la stimulation électrique des oreillettes (cavités supérieures de la cavité cardiaque) au niveau d’un point anormal. Bien qu’elles soient récurremment observées chez les personnes en parfaite santé, elles surviennent habituellement en présence de maladies pulmonaires ou cardiaques. Elles sont exacerbées par la consommation régulière de café, d’alcool ou de thé, ainsi que par l’utilisation de certains médicaments. Par exemple, les médicaments contre le rhume, l’asthme et le rhume des foins.

Dans les extrasystoles auriculaires, à l’ECG, l’onde P (onde correspondant à l’activation d’une oreillette) est prématurée. Elle présente une forme distincte de l’onde P sinusale. Usuellement, quand elle provient de la partie secondaire de l’oreillette droite, elle est négative en DII DIII VF. Dans la plupart des cas d’extrasystoles auriculaires, le complexe QRS (concerne l’activation des ventricules) ne montre aucune anomalie à l’ECG.

Par ailleurs, il est à noter que lorsque l’onde P est fortement prématurée, le ventricule gauche et le ventricule droit sont soumis à une période réfractaire absolue. Dans ce contexte en particulier, l’extrasystole auriculaire n’est pas accompagnée d’une réponse ventriculaire. Sinon normalement, une extrasystole est suivie d’une réponse ventriculaire.

Extrasystoles ventriculaires

Les extrasystoles ventriculaires par opposition aux extrasystoles auriculaires sont des impulsions isolées de nature ectopique qui proviennent d’une activation électrique des ventricules à un point anormal. Elles sont fréquentes aussi bien chez les personnes en parfaite santé que les personnes ayant une cardiopathie et peuvent résulter quelquefois d’un phénomène cellulaire automatique.

À l’ECG, lorsque l’extrasystole provient du ventricule droit elle donne l’aspect d’un bloc de branche gauche. En revanche, lorsqu’elle naît du ventricule gauche elle présente l’aspect d’un bloc de branche droite. Dans les deux cas, le complexe QRS en plus d’être large est relativement isolé. L’onde P est généralement absente et les signes d’une pause compensatrice sont observés.

À l’instar des extrasystoles auriculaires, les extrasystoles ventriculaires sont bénignes. De même, elles sont aggravées par les facteurs comme la consommation régulière de café, l’alcoolisme, le stress, l’anxiété et l’emploi de médicaments sympathomimétiques.

Extrasystoles jonctionnelles

Les extrasystoles jonctionnelles désignent des pulsions cardiaques ectopiques isolées qui proviennent de la jonction auriculo-ventriculaire et plus précisément du nœud TAWARA. Telles que les extrasystoles auriculaires et ventriculaires, elles sont bénignes et concernent les personnes en parfaite santé au même titre que celles ayant des cardiopathies.

En général, dans les extrasystoles jonctionnelles, à l’ECG, le complexe QRS ne présente aucune anomalie. L’onde P quant à elle peut être visible ou à contrario être invisible. Dans le premier cas, elle peut être retrouvée soit avant le complexe QRS avec PR court, soit dans le complexe QRS ou encore après le complexe QRS. Dans le second cas, en revanche, elle n’est pas du tout perceptible à l’ECG.

Extrasystoles : sémiologie

Dans la majorité des cas, les extrasystoles sont des troubles du rythme et de la conduction qui sont asymptomatiques. Cependant, elles peuvent se manifester quelquefois par de fortes palpitations et des signes hémodynamiques comme la baisse de la tension artérielle. Plus rarement, elles entraînent une amplification des souffles d’éjections et de la contractilité du cœur après les pauses compensatoires.

Extrasystoles : traitement

Le traitement des extrasystoles repose le plus souvent sur une médication. Le choix des produits pharmaceutiques à administrer se fait en fonction du type d’extrasystole et des comorbidités présentées par le patient.

En général, les médicaments les plus couramment utilisés sont :

  • La Natisédine® ou un quelconque autre de ses substituts (Véridardine®, Euphytose® ou Rythmodan® gélule) qui sont indiqués pour le traitement des extrasystoles sur cœur sain ;
  • La Xylocaïne® (extrasystole sur cœur pathologique) ;
  • La Soludactone® (extrasystole sur cœur pathologique) ;
  • La Cordarone® (extrasystole découlant de cardiopathies chroniques).

Plus rarement, dans le traitement des extrasystoles sur cœur pathologique les antiarythmiques peuvent être utilisés en complément des médicaments susmentionnés.

2. Les tachycardies

Troubles du rythme et de la conduction

Les tachycardies sont des troubles du rythme et de la conduction qui se caractérisent par une hausse de la fréquence cardiaque au-delà de 100 battements cardiaques par minute, lorsque le patient est au repos. Elles surviennent plus fréquemment que les extrasystoles et concernent principalement les patients ayant une cardiopathie. Elles sont regroupées en plusieurs groupes en fonction de leurs origines et présentent des manifestations variées. Voir plus d’informations à leur propos dans les rubriques ci-dessous.

Tachycardies : différents types

Selon l’origine de la hausse de la fréquence cardiaque, on distingue plusieurs formes de tachycardies. Notamment :

  • Les tachycardies ventriculaires ;
  • Les tachycardies paroxystiques supraventriculaires (auriculaires et jonctionnelles) ;
  • Les tachycardies d’origine non électrique.

Les spécificités de chacune de ces formes de tachycardies cardiaques sont expliquées dans les sections suivantes.

Tachycardies ventriculaires

Les tachycardies ventriculaires proviennent des ventricules. Elles se présentent comme des séquences continues d’extrasystoles ventriculaires et sont caractérisées de « persistantes » lorsqu’elles durent pendant plus d’une trentaine de secondes. Elles sont considérées comme une urgence médicale, car elles peuvent entraîner des complications graves comme une fibrillation ventriculaire ou un arrêt cardiaque. Elles surviennent rarement chez les personnes n’ayant aucune maladie cardiaque.

D’ordinaire, les tachycardies ventriculaires sont secondaires aux maladies suivantes :

  • L’insuffisance coronarienne (infarctus à la phase aiguë, ectasie post-infarctus) ;
  • L’infarctus du myocarde ;
  • Le syndrome du QT long (il est souvent héréditaire) ;
  • Le syndrome de Brugada.

Plus rarement, elles peuvent être idiopathiques. À l’ECG, on observe dans les tachycardies ventriculaires, un affinement du complexe QRS.

Tachycardies paroxystiques supraventriculaires

Par opposition aux tachycardies ventriculaires, les tachycardies paroxystiques supraventriculaires ne proviennent pas des ventricules. Elles résultent plutôt d’une anomalie électrique localisée soit au niveau des oreillettes (tachycardies auriculaires) ou encore au niveau des jonctions auriculo-ventriculaires (tachycardies jonctionnelles).

Les tachycardies paroxystiques supraventriculaires de types auriculaires correspondent à des flutters auriculaires. Accompagnés la plupart du temps de fibrillations auriculaires, ils résultent principalement de la dilatation de l’oreillette gauche. Cependant, ils peuvent parfois faire suite à une augmentation des taux de thyroxine ou d’acétylcholine dans les fibres auriculaires. Dans l’un ou l’autre des cas, les tachycardies auriculaires se révèlent généralement souvent par des crises et sont considérées comme des urgences médicales.

Les tachycardies paroxystiques supraventriculaires de formes jonctionnelles sont rares. Elles sont généralement associées à la maladie de Bouveret et affectent principalement les enfants et les adolescents. Habituellement, les tachycardies jonctionnelles se traduisent par des séquences de palpitations qui surviennent en réponse à un stimulus de l’environnement. Par exemple, le stress, les fortes émotions et certains événements. À l’opposé des formes de tachycardies précédentes, les tachycardies jonctionnelles sont sans gravité et régressent spontanément, même en l’absence d’un traitement.

Tachycardies d’origine non électrique

Les tachycardies d’origine non électrique regroupent les tachycardies qui surviennent en l’absence d’une anomalie de conduction électrique. Il s’agit, le plus souvent, d’une augmentation de fréquence cardiaque provoquée spontanément par l’organisme pour s’adapter à certains changements physiologiques et modifications dans l’environnement. Par exemple, une émotion négative, une crise d’angoisse, une crise de panique, une fièvre ou une anémie. Les tachycardies d’origine non électrique régressent généralement sans aucun traitement et sont peu sévères.

Tachycardies : sémiologie

Les palpitations constituent les premiers symptômes d’une tachycardie. Elles peuvent selon le cas considéré, s’accompagner de symptômes comme :

  • la faiblesse physique ;
  • les malaises pulmonaires ;
  • la sensation répétée de tête qui tourne ;
  • l’essoufflement.

Certains patients souffrant de tachycardies présentent, outre les symptômes susmentionnés, une douleur thoracique.

Tachycardies : traitement

Le traitement d’une tachycardie dépend de sa cause. Il consiste généralement en une médication et différents médicaments peuvent être utilisés. Il s’agit, entre autres :

  • Des héparines (Cédilanide®, Digoxine®) ;
  • De la Flécaïne® ;
  • Du longacor® ;
  • Du Sérécor® ;
  • Du Rythmodan® ;
  • Des antivitamines K (AVK).

Le choix des médicaments à utiliser est fait par le médecin traitant qui a également l’obligation de préciser au patient, les posologies requises.

3. Les blocs auriculo-ventriculaires

Troubles du rythme et de la conduction

Les blocs auriculo-ventriculaires correspondent à de courts délais (temps morts) observés lors de la conduction du courant électrique des oreillettes vers les ventricules. Ils concernent principalement les personnes âgées et constituent des affections chroniques. Dans la majorité des cas, ils sont causés par une insuffisance coronarienne chronique, des cardiopathies valvulaires aortiques, des maladies cardiaques congénitales, l’infarctus du myocarde, la diphtérie et l’endocardite infectieuse. Ils peuvent être idiopathiques dans certains cas rares. D’ordinaire, les blocs auriculo-ventriculaires sont regroupés selon l’évolution de la maladie en plusieurs groupes et se manifestent par des symptômes variés. Plus de détails sont donnés ci-dessous.

Blocs auriculo-ventriculaires : différents types

On distingue trois différents types de blocs auriculo-ventriculaires, à savoir :

  • Les blocs auriculo-ventriculaires du premier degré ;
  • Les blocs auriculo-ventriculaires du deuxième degré ;
  • Les blocs auriculo-ventriculaires du troisième degré.

Les particularités de chacun de ces types de blocs auriculo-ventriculaires sont précisées dans les sections suivantes.

Blocs auriculo-ventriculaires du premier degré

Les blocs auriculo-ventriculaires du premier degré correspondent à un retardement de la conduction électrique des oreillettes aux ventricules. Ils se traduisent par de petits délais peu répétés lors de la conduction et marquent la période de Wenckbach. À cette étape, il est difficile de poser le diagnostic d’un bloc auriculo-ventriculaire. Le patient ne ressent généralement rien et vit normalement. À l’ECG, dans les blocs auriculo-ventriculaires du premier degré, l’ensemble des impulsions électriques provenant des oreillettes atteint les ventricules. Toutefois, lors de leur passage au travers du nœud auriculo-ventriculaire, elles sont toutes ralenties d’une seconde.

Blocs auriculo-ventriculaires du deuxième degré

Les blocs auriculo-ventriculaires du deuxième degré sont un peu plus graves que ceux du premier niveau. Ils se caractérisent par un blocage intermittent de la conduction électrique aux ventricules. Les délais sont plus allongés, comparativement aux blocs auriculo-ventriculaires du premier degré. L’ECG dans le cadre d’un bloc auriculo-ventriculaire du deuxième degré montre que seulement une partie des impulsions électriques provenant des oreillettes arrivent aux ventricules.

Blocs auriculo-ventriculaires du troisième degré

Les blocs auriculo-ventriculaires du troisième degré sont les plus sévères. Ils se définissent par un arrêt total de la circulation électrique aux ventricules. Par conséquent, aucune impulsion électrique provenant des oreillettes ne parvient aux ventricules. Le rythme ainsi que la fréquence ventriculaire sont alors modulés par le faisceau de His, les ventricules mêmes ou la jonction auriculo-ventriculaire.

Blocs auriculo-ventriculaires : sémiologie

Les blocs auriculo-ventriculaires restent asymptomatiques au premier degré. Cependant, au deuxième et troisième degré, ils se manifestent par des symptômes variés. Il y a notamment :

  • une bradycardie extrême ;
  • les symptômes d’une syncope à l’emporte-pièce ;
  • les sensations de tête vide ;
  • la pâleur ;
  • les vertiges ;
  • la rubéfaction du visage.

Dans les cas où, l’arrêt de la circulation électrique se prolonge sur plus de 30 secondes, les signes de gravité comme une cyanose, des mouvements convulsifs et une perte d’urine surviennent. Le patient est dans un état de mort apparente et un traitement doit lui être administré dans un délai de moins de trois minutes.

Blocs auriculo-ventriculaires : traitement

Le traitement des blocs auriculo-ventriculaires repose généralement sur un massage cardiaque et un entraînement électrosystolique temporaire. Parfois, il peut consister en la mise en place d’un stimulateur intracorporel ou en une médication. Tout dépend des spécificités du patient.

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